
Moins d’une semaine après la défaite en barrage contre Massy, Régis Dumange, président de l’USON, évoque tous les dossiers chauds de son club. Pour préparer au mieux une prochaine saison dont le format pourrait évoluer.
Il a fallu réfléchir, comprendre pourquoi l’USON a été éliminée par Massy, dimanche dernier. Et puis, enclencher les ajustements nécessaires pour que le prochain exercice soit le bon. Régis Dumange, après avoir analysé la situation, revu le match contre Massy, demandé l’avis de managers réputés de Top 14 ou de Pro D2, dessine déjà les contours de son club pour la saison prochaine. Avec le même staff technique, avec un effectif rajeuni et au sein d’une Fédérale 1 qui devrait évoluer vers un regroupement des équipes prétendant à la Pro D2 dans une même poule.
« On frappe à la porte de la Pro D2, on n’a pas encore le code »
1 La confiance dans le staff « Je ne suis pas quelqu’un à couper des têtes », annonce d’emblée le président de l’USON, qui conserve sa confiance dans le travail du trio Anturville-Jan-Fouassier. « Que s’est-il passé ? Sur le terrain, on avait gagné le droit d’être deuxième national. Mais le forfait de Lille nous a pénalisés. Un match de barrage, ça se joue à la vie à la mort, et pendant ce temps-là, les demi-finalistes se frottent les mains. Où est l’équité dans ce championnat de Fédérale 1 ? Où est la responsabilité du staff dans la défaite contre Massy ? Nulle part. J’ai vu le plan de jeu mis en place, il n’a pas été suivi. Sur les quinze joueurs titulaires de Massy, quatorze étaient en Pro D2 la saison précédente. On a le droit de perdre contre ce genre d’équipes. Aujourd’hui, on est à la porte de la Pro D2, on frappe, mais on n’a pas le code. Il faut arrêter de se mettre la pression. Mais on ne va pas repartir de zéro la saison prochaine parce qu’on a perdu contre Massy. On part de tellement loin, arrêtons d’être trop exigeants. Je pense que nous sommes dans le vrai. J’ai galéré vingt ans pour faire de mon entreprise ce qu’elle est aujourd’hui et j’ai persévéré. J’ai une vision de ce que sera Nevers dans cinq ans. Je ne peux pas prendre de mesures à l’emporte-pièce. »
2 Un championnat comme une fausse Pro D3 Selon Régis Dumange, la Fédérale 1 a de grandes chances de se transformer, dès la saison prochaine. Avec une poule « élite » qui réunirait dix clubs prétendants et trois poules régionales. « Il n’y aura que des équipes de haut niveau dans cette poule. Des gros matches à chaque fois. On n’irait pas à l’extérieur pour chercher des bonus offensifs mais pour des bonus défensifs. Cette saison, on n’a pas pu travailler la défense. Cette fausse Pro D3 est une vraie avancée. On a manqué d’expérience contre Massy. Dans une poule comme celle-ci, on emmagasinera de l’expérience. » Pour la promotion, ce serait le même système qu’en Pro D2. Le premier de poule serait directement promu à l’étage supérieur et les clubs classés de 2 à 5 disputeraient des phases finales pour décrocher le second ticket.
« Ceux qui pourraient croire que je vais quitter le club partiront bien avant moi »
3 Un effectif rajeuni Devant le constat qu’un cycle se termine à l’USON, avec, en plus, l’enchaînement de graves blessures (cinq joueurs avec ligaments croisés rompus) chez les joueurs trentenaires, le club va entreprendre un rajeunissement de l’effectif, avec le départ d’une petite dizaine de joueurs. « Je pleure pour ces joueurs qui vont partir et je fais en sorte de leur trouver des clubs s’ils veulent encore jouer. Mais, dans une poule élite de Fédérale 1, on devra être encore plus compétitif. Il faudra deux joueurs à chaque poste, et derrière, un jeune joueur, tout en gérant le nombre de licences blanches. On aura besoin d’un pilier polyvalent, de deux deuxième ligne, deux troisième ligne, un demi de mêlée va arriver, Jean-Baptiste Bruzulier (Worcester), et d’un ailier capable de jouer aussi à l’arrière. » Les joueurs de Nationale B ou de l’équipe Belascain prendront de l’importance, à l’image du talonneur Alexandre Grelet, du pilier Marc Simonnet ou encore du trois-quarts centre Mark Erasmus…
4 Le confort des joueurs C’est une remarque qui revient souvent : les joueurs de l’USON seraient installés dans un confort trop important. « C’est faux. La majorité des gens ne veulent pas travailler le dimanche, ils viennent voir des matches de rugby. Mais ils viennent voir des gens qui travaillent. Des gens qui, pendant dix ans de leur vie, passent leurs week-ends et souvent leurs vacances sans leur famille. Pour, après, redémarrer à zéro, à 35 ans, quand leur carrière est terminée. Les joueurs de l’USON sont bien payés parce qu’absolument, tout est déclaré et ce n’est pas le cas partout ailleurs. » S’ajoute à cela le fait que l’USON, ne disposant pas d’un vivier de joueurs locaux très nourri, doit disposer d’autres arguments pour convaincre un joueur. « Par rapport à un club du Sud-Ouest, qui, quand il veut recruter un troisième ligne, en a dix qui viennent frapper à sa porte, je dois payer un joueur deux fois plus pour le faire venir à Nevers. »
5 Un environnement déstabilisant avant les phases finales L’affaire de la péréquation, puis les incertitudes autour du cas de Soyaux-Angoulême ont créé un climat qui a pu perturber les joueurs neversois. « À Lombez, les joueurs ne se sont pas libérés. Ils jouaient pour ne pas se blesser et c’est dans ces moments-là que l’on se blesse. Avec les forfaits de Chalon et Lille qui n’étaient pas entérinés, on aurait pu rester deuxième. Mais la péréquation a redonné des points à Vannes et on a fini troisième. Avant le barrage, les affaires autour de Soyaux-Angoulême, avec des phases finales qui n’étaient pas officialisés, ont déstabilisé les joueurs. Massy savait depuis sa défaite à Soyaux-Angoulême en poule qu’ils devraient jouer un match de barrage et ils se sont concentrés dessus. De notre côté, on a couru derrière une place qualificative quasiment jusqu’au bout. Et c’est finalement Lille qui nous en a encore privés en déclarant forfait au profit de Vannes… »
6 Le public comme moteur « Je pense que l’on a le meilleur public. Ils se sont déplacés et ont pleuré avec nous à la fin du match contre Massy. C’est pour eux que je ne lâcherai pas. Ceux qui pourraient croire que je vais quitter le club partiront bien avant moi. »